Un Français Libre

Né à Lévigny le 3 février 1915, près de Bar-sur-Aube, Bernard GUERITTE fait ses études secondaires au collège Urbain IV à Troyes. Après des études supérieures à Paris, il suit une préparation militaire supérieure, lui permettant d’entrer sur concours à l’Ecole Militaire de Saint-Maixent, pour une préparation de six mois. Il peut ainsi terminer son service militaire comme sous-lieutenant au 13° Bataillon de Chasseurs Alpins à Chambéry.

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De retour à la vie civile, il reprend ses études en Sorbonne, puis décide en 1937, de s’engager dans l’armée active. Après une année de préparation au concours de l’Ecole d’officiers d’active de Saint-Maixent, il suit les cours de cette école et sort comme sous-lieutenant d’active en 1938.
A la déclaration de la guerre, il est affecté à un régiment breton, et est envoyé en Lorraine, jusqu’en février 1940. De février à mai 1940, il effectue un stage d’observateur en avion à Tours. Au moment de la débâcle, il est envoyé avec son escadrille à Issoire, puis à Pau, où le 18 juin 1940, il entend l’appel du Général de Gaulle.
Résolu à y répondre et à rejoindre l’Angleterre, il part avec une vingtaine de ses camarades en direction de Saint-Jean-de-Luz. Le 22 juin 1940, ils embarquent sur le « Sobieski » qui transporte en Angleterre une division polonaise. Débarqués à Plymouth vers le 26 juin, les Français séjournent à Cardiff et à Albershot.
Le 1° septembre 1940, sous un bombardement d’une rare intensité, ils quittent Liverpool pour une expédition en Afrique. Le lieutenant GUERITTE se trouve sur le bateau hollandais « Westernland », qui a l’honneur de transporter le général de Gaulle lui-même. L’opération de Dakar ayant échoué, les troupes débarquent le 1° octobre 1940 à Pointe-Noire.
Affecté au Tchad, le lieutenant GUERITTE rejoint son poste en passant par Brazzaville, Bangui, Fort-Archambaud, et arrive enfin à Fort-Lamy. Après avoir passé six mois à Moussoro, il est affecté en juin 1941 dans une unité méhariste, « le groupe nomade du Tibesti », dont le secteur d’action est Zouar, Bardai et Aozou. En février 1942, il participe à des raids sur le Fezzan, où de nombreux postes italiens sont investis. Puis avec la colonne Leclerc, devenue la « Force L. », il prend part à la deuxième expédition au cours de laquelle le Fezzan est conquis. Les troupes françaises partent ensuite vers la Tripolitaine pour faire leur jonction avec l’aile gauche de la 8° armée anglaise de Montgomery, et terminer à Tunis la campagne africaine.
Après un court séjour en Lybie et en Algérie, l’unité du capitaine GUERITTE est envoyée à Temara (Maroc), où, de décembre 1943 à Pâques 1944, elle suit l’entraînement physique et technique d’une unité moderne, la 2° DB.
En avril 1944, six bateaux sont nécessaires pour le transfert en Angleterre du personnel de la 2° DB, les engins mécaniques ayant été embarqués précédemment sur LST (bateau de débarquement) avec un seul chauffeur par véhicule.
Le 31 juillet 1944, le capitaine GUERITTE débarque à Omaha-Beach avec les éléments lourds de la 2° armée américaine du général Patton. Il participe à la campagne de Normandie, et entre à Paris par la porte d’Auteuil, le 24 Août 1944 au soir.
Dés la mi-septembre, la marche vers l’est reprend par Troyes, Bar-sur-Aube, (où le capitaine GUERITTE à la joie de revoir rapidement les siens), Andelot et Contrexeville. Dans les Vosges, à Dompaire, étant en pointe de la division, le sous-groupement Massu auquel appartenait le Capitaine GUERITTE, subit un gros accrochage avec de nombreux éléments blindés allemands lourds. Il fallut, au cours de cette journée, toute la puissance de tir de l’artillerie française, et quatre interventions de 5 avions d’attaque au sol américains pour éviter le repli. Arrivée par le col du Dabo, l’armée entre à Strasbourg le 22 novembre 1944, puis séjourne tout l’hiver en Lorraine.
Après un court passage à Royan, l’armistice trouve le capitaine GUERITTE dans la zone de Berchtesgaden.
Mais pour lui la carrière militaire se poursuit. En 1945 il fait partie du corps expéditionnaire du général Leclerc en Indochine, et il revient en France en 1946, après les accords de Hanoï, avec Ho-Chi-Min. Puis il quitte les blindés, devient parachutiste, et fait un séjour à Dakar au 5° bataillon de parachutistes de marine. Envoyé de nouveau en Indochine comme chef du 1° bataillon Laos, il y restera jusqu’après Dien-Bien-Phu (mai 1954) dont il se trouvait à proximité.
Après un séjour de trois ans à Brazzaville, le lieutenant-colonel GUERITTE quitte l’armée, âgé de 49 ans et retourne dans son aube natale. Mais il conservera toujours le souvenir d’une épopée fantastique sous le commandement de chefs hors pair, visionnaire comme de Gaulle, entraîneurs d’homme comme Leclerc et Massu, mais tous humains et généreux.
Bernard GUERITTE s'est éteint à l'aube du 14 juillet 2010, quelques heures avant que les chars ne défilent sur les Champs Elysées.
Les Grands Hommes ont toute sorte de talent. Bernard ne manquait pas d'humour.
Mourir un 14 juillet, peut-être son dernier message...
en ces temps où la France se délite...